Que contempler ?

Il faut tout d’abord regarder tout le tableau et se laisser interroger par sa globalité.

Le Toute la vie qui apparaît dans le tableau montre l’expérience de base et première (tout le tableau en est rempli) du sentiment que Dieu est là ou que je suis dans les mains de Dieu. Dieu est dans la vie et la vie est en Dieu. La vie de l’homme se déroule avec Dieu parce que Lui s’est mis pour toujours dans l’humanité telle qu’elle est.

En Dieu nous vivons, nous nous mouvons et nous existons,  lisons-nous dans le livre des Actes des Apôtres. Jésus est au centre, il est l’autre aspect, clair lui aussi, de la globalité du tableau. Tout tourne autour de Jésus. Et le Père est la référence évidente de Jésus et de tout ce qui tourne autour  de Lui.. Le Père et Jésus sous l’action diffuse mais forte et permanente de l’Esprit. Le Père est sa référence durant toute la vie de Jésus, le Père est le critère de toute son action, de sa prière, de son engagement: lui importe seule la volonté du Père.

Et voici qu’apparaît aussi l’ambigüité de la figure du Père: Joseph et Dieu le Père. Joseph qui est et n’est pas le Père, est celui  qui indique,  oriente, annonce, e t témoigne du Père, mais il n’est pas le Père. Lui qui incarne et assume la vocation du Père, mais qui dit Je ne le suis pas. Joseph assume la vocation mais il se tait, travaille et obéit. Marie, la mère, celle qui permet que son ventre soit l’humus-la terre-le ferment, celle qui reçoit, accueille la vie, et permet que Joseph, avec sa figure de père oriente-dirige-révèle à Jésus son véritable Père.

Regardons-les maintenant suivant les deux  plans: horizontal et vertical

a)  Le plan horizontal: le déroulement de la vie humaine quotidienne, des liaisons et des relations, de l’ouverture aux autres, de la réalité du monde  concentrée dans cette image.

b)  Plan vertical: de l’ouverture à la transcendance, de l’ouverture à Dieu et

à la recherche du sens, fondement de notre fraternité quotidienne.

Contempler les signes, les gestes des personnes et les personnes elles-mêmes

• Regarder les pieds: les pieds indiquent le mouvement, c’est aller vers …, c’est la prière et la mission. Aller vers le Père et vers les autres.
• Regarder les mains: les mains c’est le faire, la créativité, le travail … c’est être avec les hommes, être ouverts.
• Regarder les yeux: c’est l’être avec les autres, les relations, entrer dans l’intimité, dans la vie, la rechercher, la promouvoir, s’en occuper … c’est la charité, l’amour.

Marie, c’est le visage féminin de Dieu le père. Celle qui accueille,  reçoit, espère et garde la Parole, la semence de vie en son cœur.

Elle écoute, reçoit espère et s’engage. Elle reçoit, accepte, espère l’action de Dieu tandis qu’elle garde en son cœur ce qui est en train de se produire. Marie, celle qui révèle la présence de l’Esprit à travers le fruit de son ventre. Celle qui reçoit, accepte et garde en son cœur le vouloir du Père.

– Joseph: le visage paternel de Dieu Père, celui qui révèle l’action mystérieuse de Dieu le Père, qui se confie en Dieu, celui qui assume dans son humanité le projet de Dieu qui dépasse et transcende les vues et les critères purement humains. Sur ses épaules, tombe la transcendance du vouloir-paraître-agir de Dieu distant du nôtre comme le ciel de la terre.

Joseph accueille, assume, se tait, travaille, obéit et se confie en Dieu.

Joseph révèle en son humanité la vocation et le destin humains, il oriente, dirige, prend soin et administre le projet de Dieu en union avec Marie.

– Jésus: il est le centre des regards, de l’action, des mains des autres personnages et des mouvements de leurs pieds. Dieu le Père et l’Esprit Saint à travers Marie et Joseph ont placé toute leur prédilection dans le Fils bien-aimé.

Jésus est le principe el l’horizon de tout, il est le centre de la vie.

Contempler la projection du tableau dans le monde d’aujourd’hui

Mettre au jour, faire naître  le tableau dans le cœur, le peindre dans le cœur, c’est réaliser ce projet de vie chrétienne, ce Nazareth  à la réalité de la vie

• Laïc en ce mondeen étant mémoire et rappel de la réalité de la vie humaine, vie quotidienne avec ses joies et ses tristesses et ses espérances. Etre conscient que le projet de Dieu, la famille de Dieu se construit dans le temps et l’espace, dans l’histoire.
• Consacré et orienté vers le Père et vers  les autres par le Baptême qui m’a fait responsable de ce monde et de mes frères. Nous sommes un don de Dieu pour être donnés aux autres et dévoués au Père. Récepteurs de la vie trinitaire et ses animateurs en ce monde,.
• Fraternels et solidaires. Voisins, proches, à côté, au milieu des autres,. parmi les autres, avec les autres. Tous, nous influons sur les autres. Générateurs de liens qui, ayant pris naissance dans l’engagement du Christ-Jésus, supposent les mêmes gestes chez ceux qui l’ont reconnu: se fractionner, se rompre, se donner.

Voilà le Nazareth  dans lequel nous sommes invités à entrer aujourd’hui et à réinventer dans notre monde. Là où il nous revient  d’écrire l’histoire.

La fraternité (être proches comme Jésus dans la famille de Nazareth pour créer la famille de Dieu) suppose et la Filiation et la paternité de Dieu (la reconnaissance, la gratitude, la louange, l’adoration, la supplication et le  pardon du Père), source de toute paternité ou fraternité.

Elle suppose la reconnaissance et la louange (Prière), l’engagement et l’effort (Travail) et la solidarité amie (Charité).

Et c’est à partir de là qu’on voit que le “on priait, on travaillait et l’on s’aimait” est une synthèse du Mystère de Nazareth  et du contenu du Tableau.

A Nazareth on priait, on travaillait et l’on s’aimaitrésume le style de vie chrétienne que les Frères ont découvert dans la famille de Nazareth  et ont fixé dans le Tableau Officiel pour l’offrir à tous.

«Dans la Prière, le Travail et la Charité: la Paix » synthétise le contenu de la vie chrétienne qu’on a voulu montrer dans le Tableau Officiel

Hno. Aurelio Arreba